« Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux» (Mt 5, 43-48).
Le message est clair… prendre pour modèle l’amour du Père pour développer son caractère en nous.
Dernièrement, j’ai vu dans une vitrine d’une boutique de souvenirs, ici à Fréjus, un t-shirt que j’ai presqu’acheté. Il était inscrit « Tel Père, tel fils » !
En tant que baptisé, c’est un slogan qui est, en quelques sortes, tatoué en nous !
« Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux». C’est le but : être comme le Père.
En effet, après nous avoir dit que Dieu fait « lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes », Jésus nous dit « vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».
Donc, la perfection de Dieu réside dans l'amour ! Aimer, pardonner, bénir comme le Père, mission impossible ? Avec la grâce du Saint-Esprit, c’est possible !
Saint Paul, dans l’épitre aux Éphésiens, nous invite à être « enracinés et fondés dans l'amour ».
Est-ce que vous vous êtes déjà posé la question pourquoi vous aimez Dieu ? Moi, l’autre jour, je me suis posé la question et en descendant dans mon cœur, j’y ai entendu cette vérité : j’aime Dieu, car son amour m’a séduit, parce qu’il n’y pas de plus grand amour que le sien, parce que c'est lui qui m'a aimé le premier. Cette vérité que je reconnais en moi, saint Jean nous le confirme dans sa lettre : « Pour nous, nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier» (1 Jean 4, 19).
Mais, de son côté, Dieu nous aime pour quelle raison ?
Parce qu’il a été séduit par mon amour ? Parce que je suis la bonté même ? Certainement pas, puisque c'est lui qui m'a aimé le premier, c'est-à-dire avant que je l'aime moi-même.
« Dieu est amour», (1 Jean 4, 8 et 16). Dieu m’aime, car il est bonté en lui-même, Dieu m’aime gratuitement, Dieu m’aime pour moi-même, et pas pour une raison… son amour n’a pas de conditions… Il m’a aimé alors que je ne l’aimais pas encore !
Le péché nous avait rendus ennemis de Dieu. Mais, à la croix, il nous a aimés. Une personne qui te bafoue, qui te cloue sur une croix, dans mon langage à moi, j’appelle ça un ennemi !
Or, par nos péchés personnels, c’est aussi nous qui avons crucifié Jésus. La Parole de Dieu dit bien que nous étions ses ennemis. « Lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils » (Rm 5, 10).
C’est par la mort de son fils que nous sommes passés d’ennemis à amis de Dieu. « Je ne vous appelle plus serviteur, mais ami » (Jean 15, 15). C’est très fort ! C’est puissant ! D’ennemis à amis de Dieu !
Et qu’est-ce qu’a dit Jésus devant ses bourreaux, lorsqu’il était suspendu, entre ciel et terre, au gibet de la croix? « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Jean 23, 34). Jésus aime ses ennemis en intercédant pour eux devant le Père.
Dieu t’aime lorsque tu n’es pas aimable ! « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5, 8).
C’est le « encore » qui me bouleverse ! Dieu a donné sa vie pour toi, il t’a aimé lorsque tu n’étais pas aimable. Imagine un souvenir de ta vie que tu aurais honte de raconter, car tu te fais honte à toi-même. À cet instant, Dieu t’aimait, pas pour ce que tu faisais, mais pour qui tu es. Son amour a le pouvoir de transformer ta vie !
Sinon, imagine qu’un matin tu t’es levé vraiment du mauvais pied et que tu es vraiment exécrable pour ton conjoint ou ta conjointe. Lui, ou elle, demeure patient et ensuite, se montre bienveillant envers toi. Il t’a vu et connu avec ton pire caractère et continue de t’aimer. C’est touchant, n’est-ce pas ? Dieu te connaît et il t’aime toujours !
Il y a deux battements à un cœur pour qu’il puisse être en vie : il accueille le sang du corps et il le redonne. Pour aimer nos ennemis, nous devons faire l’expérience de l’amour du Père.
C’est l’amour de Dieu reçu qui nous transforme pour avoir la capacité d’aimer nos ennemis. En effet, pour aimer nos ennemis, nous devons être transformés, nous devons avoir passé par une transformation de notre être.
C’est en acceptant l’amour de Jésus qui donne sa vie pour toi à la croix que tu peux en arriver à aimer tes ennemis. Tu as été ennemi de Dieu, et maintenant, tu es son ami par la puissance de la croix de Jésus.
Tu as été aimé alors que tu étais encore pécheur… C’est appuyé sur cet amour que tu peux aimer ceux qui t’on fait du mal. "Sois vainqueur du mal par le bien" (Rm 12, 21).
Cela ne veut pas dire d’approuver tous les actes des autres. Jésus aime le pécheur, mais pas le péché. Il ne cautionne pas les actes de la femme pécheresse, mais il la relève. « Je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus».
Dans la parabole du fils prodigue, le fils aîné travaille pour le Père en vivant dans une mentalité d’orphelin. Il ne vit pas et ne pense pas en tant que fils, mais en tant qu’ouvrier. Sans cet esprit filial, cette relation filiale avec le Père, il nous est difficile d’aimer nos frères.
« Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” »
Le fils ainé, n’est pas dans la maison du Père. « Il refusait d’entrer ». C’est le signe qu’il est hors de cette relation filiale. Il n’habite pas la maison familiale, la maison du Père.
De plus, puisqu’il travaille pour le père, il s’attend à un salaire : un chevreau pour festoyer. Il est dans une relation de patron-employé et pas de père-fils.
Puisqu’il n’y a pas de relation filiale avec son père, il n’a pas non plus de relation fraternelle avec son frère. En effet, il exprimera son mécontentement en disant : « Ton fils que voilà… ». Il ne dit pas « mon frère…», mais « ton fils », s’excluant ainsi de la relation filiation et de celle fraternelle.
En ce sens, le frère ainé ne partage pas la volonté du Père, il ne comprend pas son cœur, sa compassion, sa tendresse, son amour… sa sagesse. Le fils ainé n’entre pas dans la joie du Père de retrouver son plus jeune fils qui était mort et perdu. C’est le reproche que lui fera son père : « Il fallait bien s'égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est retrouvé.» (Luc 15, 32)
Ton amour pour les autres, ta miséricorde, ta bonté pour les autres viennent d’abord de ta relation au Père en tant que Fils bien-aimé.
Laissons l’Amour du Père circuler librement en nous !
Que l’Amour de Dieu se répande maintenant en ton cœur par le Saint-Esprit (Cf. Rm 5, 5) afin que tu deviennes, comme et avec Jésus, un relais du cœur et de la bonté du Père sur cette terre.